“Je voudrais découper le film en segments de 90 secondes et les poster sur TikTok” : c’est la conclusion, très bien sentie, du podcast Panic World du journaliste tech Ryan Broderick, dans un épisode qui revient sur l’histoire et la campagne virale organique, une des premières du genre, autour du film Le Projet Blair Witch sorti en salle en 1999. Mais alors, pourquoi cette envie de redonner une seconde jeunesse en présentant ce film de flip mythique à la Gen Z ?
Accompagné du journaliste ciné de The Atlantic David Sims, il ne revient pas vraiment sur le film en lui-même – pour ceux qui ne se souviendraient pas, Le Projet Blair Witch est un petit ovni de frousse où trois étudiants partent dans la forêt à la recherche de la sorcière d’une légende urbaine, caméscope à la main, sans jamais en revenir. Monté depuis les images dudit caméscope, Le Projet Blair Witch s’appuie sur ces “found footage”, pour une ambiance ultra réaliste et flippante.
C’est ce réalisme et son parallèle avec les débuts d’Internet sur lesquels s’attardent les deux journalistes, comme un voyage dans le temps à la racine de ce qu’on appelle aujourd’hui la viralité. L’échange d’un DivX téléchargé sur les plateformes de peer-to-peer de l’époque d’une version différente du film quelques mois avant sa sortie est la première brique d’un bouche-à-oreille d’une “histoire vraie” qui va faire flipper Internet même après la présentation officielle du film à Sundance. Le Projet Blair Witch essaime son propre lore et devient, même avant sa sortie, une légende urbaine à laquelle beaucoup veulent croire.
Sentant le filon, la campagne marketing qui suit s’en donne à cœur joie en jouant sur le flou d’une possible véracité de l’histoire, jusqu’à de faux avis de recherche – vraiment réalistes – des protagonistes portés disparus. Sur les premiers forums internet, Le Projet Blair Witch et tout l’imaginaire qui va avec deviennent un des sujets les plus discutés de l’époque, et participent grandement à la création de premières bulles online de ce qui deviendra les tuyaux vers la post-vérité et les complots faciles.
“Y a 15 ans je suis sorti du ciné avec un pote vraiment fâché d’avoir vu ce qu’il pensait être un documentaire sur trois gamins du New Jersey qui mouraient dans la forêt. Je n’ai pas su lui expliquer que c’était une fiction. Aujourd’hui, c’est le plus gros supporter de Trump que je connaisse.” Ryan Broderick partage un tweet dans l’air du temps.
Le film, qui a coûté quelques dizaines de milliers de dollars, se retrouve à engranger plus de 200 millions au box-office, et les experts de l’époque, au doigt mouillé, considèrent que pour chaque dollar dépensé Le Projet Blair Witch en aurait généré 11 000. L’argent gagné, on ne sait d’ailleurs pas trop où il est parti, vu que nos trois acteurs n’auraient touché “que” 300 000 dollars chacun et réclament encore aujourd’hui leur dû.
Alors ce soir, pour Halloween, on se relance Le Projet Blair Witch, et si vous flippez trop, expliquez à vos amis sur le canapé que cet ovni cinématographique représente, de son statut de légende urbaine à sa campagne marketing, un tournant qui a forgé notre usage d’Internet d’aujourd’hui, notre rapport à la vérité, et que, franchement, c’est vrai, il pourrait re-trender sur TikTok en extraits de 90 secondes.
Pierre vous met face à la vérité : ce n’est pas que vous détestez les Loups-Garous, c’est que vous ne savez pas bien y jouer. Vianney sur de la trap ? Robin redonne ses lettres de noblesse au plat le plus sous-coté du Bouillon après la vidéo de Loris et Adèle Exarchopoulos. Jules vous explique pourquoi il est grand temps de se hyper pour la Coupe du monde de Rocket League. Cheynnes nous prévient : on va tous porter des pantalons avec une seule jambe. Et enfin, il vous reste 20 minutes pour préparer votre déguisement d’Halloween ? On appelle la pop culture à la rescousse, même si on sera jamais aussi forts que le gay Twitter.
J’suis une Crocs.
Impossible de faire plus cute : la créatrice Sandy Liang vient de dévoiler ses petites figurines Monchhichi, en vente à partir du 1er novembre.
À la semaine prochaine,
Pharrell
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